À gauche : un jeune admirateur observe des poupées du monde dans la vitrine de la compagnie d'assurances de Daniel Roenigk. Les poupées faisaient partie de la collection de sa fille Barbara. L'exposition a été faite en amont du spectacle « One World » du 27 août. À droite : Barbara (Roenigk) Hart en 2013, avec une partie de sa collection.
Lorsque tout fut prêt, Carson écrivit dans son journal : « Au-delà de l'un des océans, attend la ville que nous allons rencontrer ... Cette rencontre due au hasard avec notre ville inconnue doit être plus qu'une amitié routinière ».
Les villes-sœurs n'auraient pu être plus dissemblables sur beaucoup de points. Fèves pouvait retracer ses origines jusqu'à l'époque romaine, où elle s'appelait Fabros. Morganville était si jeune, que le premier enfant blanc qui y naquit assista au spectacle. Pendant toute la durée d'existence de Morganville, les difficultés qu'elle endura furent infligées par la Nature. À la même période, Fèves fut un pion dans trois guerres majeures.
Station-service de Leo Mellies
Fèves, avec un petit coup de main, pouvait se réjouir de retrouver les conditions de vie qui avaient existé avant la guerre.
Par contraste, Morganville savait que son avenir était incertain. Les colons qui avaient inondé le comté de Clay depuis les
états de l'Est et depuis l'Europe après la guerre de sécession avaient entraîné une explosion de la population d'agriculteurs.
Des villages comme Morganville étaient indispensables pour fournir les biens dont ces fermiers avaient besoin et pour acheter
leurs produits.
Le bureau de poste de Morganville
Mais alors que l'équipement et les méthodes agricoles progressaient, on eut besoin de moins de main-d'œuvre pour les récoltes et le bétail. Les fermes commencèrent à se regrouper, et beaucoup d'enfants d'agriculteurs partirent trouver du travail dans de grandes villes. Avec cet exode, le nombre de clients dans les magasins du village déclina.
L'amélioration des infrastructures routières et des véhicules accéléra cet effet. Lorsque le bureau de poste commença la
livraison rurale gratuite, les fermiers n'eurent plus besoin de venir en ville pour récupérer leur courrier. Beaucoup d'articles
qu'ils avaient l'habitude d'acheter localement pouvaient être commandés dans un catalogue et être livrés directement à la ferme.
Même ceux qui vivaient dans les petits villages avaient tendance à faire leurs courses dans les plus grandes villes, où le
choix était plus important.
Le résultat de ces changements fit que la population rurale connut son pic à la fin du 19ème siècle, puis entama un déclin lent
mais stable.
Henry Kolling et Rose Mina Oetinger dans le magasin Oetinger
Mais bien que ces villages fussent très différents, la transformation, des prairies ouvertes aux exploitations agricoles établies
et aux ranchs, par des gens qui avaient voyagé loin, allait devenir une histoire fascinante lorsqu'elle fut racontée sous la plume
habile de Carson.
À gauche, la devanture de la Morganville Mercantile Company, annoncée comme le plus grand magasin du comté de Clay. Suite à un incendie, elle fut remplacée en 1939 par ce que les gens du coin appelaient le Stade ou l'amphithéâtre. À droite : le Stade en 2013. La photo fut prise depuis ce qui aurait été le milieu du trottoir devant le magasin. La pièce de théâtre fut jouée sur la zone en béton devant le mur de briques. L'orchestre se trouvait devant cette zone. Les comédiens qui jouaient des Indiens étaient assis à gauche, où on peut voir la barrière blanche sous l'arbre, suggérant qu'ils étaient « dans l'ombre », spectateurs d'un territoire qui fut autrefois le leur.