Une Opportunité d'être Meilleur - Chapitre 10 Page 9



De Mayor à Maire !


Ayant aimé les visites faites à leurs amis de Fèves au cours des deux dernières années, Freeland et Vaughan avaient décidé de revenir au début de l'été 2016. Pracht plaisanta en disant qu'ils devraient envisager d'acheter une maison dans la région, en indiquant une propriété à vendre à proximité.

Le fait marquant de ce voyage a probablement été la réunion d'amis pour une soirée pizza dans le jardin des voisins des Torlotting, Alex et Rosetta Dentice. Ils avaient commencé vers midi et étaient encore en train lorsque les Américains sont partis pour rentrer chez eux à Metz vers 22 heures. À ce moment-là, le couple avait déjà fait 32 pizzas.

Les voisins se rassemblent chez les Dentice à côté de chez les Torlotting pour une soirée pizza. Rosetta prépare la pâte pendant qu'Alex est chargé de la cuisson.


Mais la visite cet été-là était entachée d'une pointe de tristesse. On avait appris que Cathy Haney était décédée dans un hôpital de Salina, au Kansas. Quelques années auparavant, on lui avait diagnostiqué un cancer, mais après le traitement, on pensait qu'elle était guérie. Ce fut donc une surprise lorsque, après avoir fait des examens pour un problème bénin, elle apprit qu'elle n'avait plus que quelques jours à vivre.

Conservatrice du musée de la Clay County Historical Society pendant de nombreuses années, Haney avait passé des heures à travailler sur l'histoire des villes sœurs et à récupérer des choses y étant liées. Les personnes concernées par l'histoire étaient heureuses qu'elle ait pu voir ses efforts porter leurs fruits.

Et bientôt plus serait produit. Lors de la visite de Vaughan et Freeland, Pracht mentionna qu'il serait bien que le maire de Morganville fasse une visite à Fèves. Vaughan a immédiatement transmis ce commentaire à Charlotte Rundell. Elle dit qu'elle aurait bien aimé, mais doutait que Brent puisse quitter son travail. Son job l'occupait pendant toute l'année parce que, lorsque les agriculteurs n'étaient pas en train de planter, cultiver ou récolter, il fallait planifier l'année suivante.

Brent aussi doutait qu'il puisse venir, mais il parla de l'invitation à ses collègues. À sa grande surprise, ils lui ont immédiatement dit qu'il était fou de laisser passer une telle occasion et qu'ils s'occuperaient ensemble de ses clients. Cet obstacle surmonté, on commença immédiatement l'organisation d'un voyage de dix à quinze jours pour la fin du mois de septembre. Vaughan demanda s'il y avait quelque chose de spécial qu'ils voulaient voir. Charlotte demanda s'il serait possible de visiter une école d'équitation, car elle donnait des leçons d'équitation. Le souhait de Brent était de visiter une ferme française.

Le départ de Manhattan eut lieu le 22 septembre. Les quatre arrivèrent à Luxembourg le lendemain et s'installèrent immédiatement dans le logement que Freeland et Vaughan avaient déjà loué auparavant à Metz.

Ce soir-là, ils allèrent chez les Pracht à Fèves où ils eurent de sympathiques conversations.

Les trois jours suivants furent consacrés à familiariser les Rundell avec la région. Le point culminant de ces journées a peut-être été la visite de l'Ouvrage du Hackenberg, le plus grand fort de la ligne Maginot en France.

Freeland, Vaughan et les Rundell
au Fort du Hackenberg

C'est le mardi 27 septembre qu'eut lieu la réception officielle pour les Rundell. La journée fut très décontractée et reprit en grande partie le tour que Freeland et Vaughan avaient fait deux ans plus tôt.

La rénovation de l'ancien presbytère était presque terminée et c'était maintenant le nouveau siège de la mairie du village.

Devant une des entrées de la nouvelle mairie du village se trouvent, de gauche à droite : Charlotte et Brent Rundell, le maire de Fèves René Girard, le premier adjoint Cyril Crast, Art Vaughan, Maria Schreiber, Gérard Torlotting, Gloria Freeland et René Schreiber


Le soir, la réception eut lieu au centre socioculturel du village. Les gens commencèrent à arriver vers 19 heures. C'était un peu plus officiel que dans la journée et donna l'occasion à tous ceux de la communauté de rencontrer le maire de la communauté sœur américaine.

Au fond de la salle, des objets et des photos concernant les liens entre les deux villages étaient exposés sur des tables et des panneaux. Il y avait des choses de fin des années 40 et début des années 50, ainsi que des objets de la visite en 2015 à Morganville.

Le centre de la pièce était rempli de chaises faisant face à deux podiums pour les maires, placés sous un écran affichant des photos de la visite des Févots à Morganville.

Roger Wechtler et Brent Rundell devant les photos de la visite à Morganville

Vers 20 heures, avec Pracht jouant de nouveau l'interprète, le maire de Fèves, René Girard, souhaita la bienvenue à tous les participants, notamment les Rundell. Il déclara que, comme presque toutes les personnes présentes connaissaient l'histoire, il ne la répéterait pas, mais souhaitait ajouter :

Je voudrais simplement souligner quelques faits sur Morganville, un petit village de 200 habitants situé au cœur des États-Unis. Cette histoire rappelle que les habitants de ce village ont fait quelque chose d'extraordinaire. Ils ont choisi d'aider et de soutenir Fèves en expédiant des produits de première nécessité et plus encore. Cet événement montre que vous êtes des êtres humains merveilleux. Des cérémonies avec des responsables américains et français ont eu lieu pour se souvenir de cette période terrible où Fèves était détruit à 80 %.

Aujourd'hui, dans cette salle, certaines personnes se souviennent de cette période. Ces temps difficiles restent dans la mémoire de tous et les générations futures continueront à s'en souvenir. C'est pourquoi l'ensemble du conseil municipal, diverses associations et les habitants de Fèves ont souhaité vous inviter ce soir pour un verre convivial et faire connaissance.

À gauche, les habitants de la commune et les invités écoutent le maire de Fèves, René Girard, à droite, accueillant le maire de Morganville, Brent Rundell. Francis Pracht, entre eux, traduit pour les visiteurs anglophones.

Cyril Crast, membre du conseil municipal et adjoint au maire, a ensuite offert aux Rundell un panier contenant des objets de la région Lorraine. On insista sur le fait que, parmi ceux-ci, il y avait la seule bière autorisée à être exportée aux États-Unis - la bière du général Patton !

Girard a également lu un message de Simone Joly, l'une des personnes à avoir été expulsée de Fèves pendant la guerre et plus tard bénéficiaire de l'aide de Morganville. Elle dit entre autres :

Nous éprouvons tous le même plaisir à nous revoir. La chaîne qui nous relie ne cassera jamais et chaque maillon représente une personne qui a reçu de l'aide ... Vous, nos amis, nos sauveurs, nous vous remercions du fond du cœur depuis que vous êtes devenus notre bonne étoile et notre espoir. Donnez-nous la joie d'être toujours soutenus par votre présence.

Merci encore,
Votre amie Simone


Rundell, Freeland et Joly

Rundell, après avoir épuisé ses connaissances en français avec l'introduction « Merci », demanda à Pracht de traduire ses commentaires en français. Il commença par remercier le maire Girard et les autres pour leur accueil chaleureux et de lui donner l'occasion de se familiariser avec cette histoire associée à leur passé commun.

Il a également raconté le lien personnel que son patron, Ron Gilbert, qui a grandi à 15 km à l'est de Morganville, avait avec la région. En février 2018, Charlotte, l'épouse de Brent, avait interrogé Gilbert sur les détails de l'histoire que Brent racontait à Fèves.

Gilbert, qui a grandi à 15 km à l'est de Morganville, n'a pas été personnellement impliqué dans le spectacle. Mais sa femme y était présente. Sa future belle-mère, Arlene Taddiken, lorsqu'elle a participé à la représentation, était enceinte de Pat, la future femme de Gilbert.

En 1965, Gilbert était stationné à la base de l'U.S. Air Force à Chambley, environ 40 km au sud-ouest de Metz, où il s'occupait de la maintenance des équipements de brouillage.

En cas de lancer de missiles par la Russie, les bombardiers de reconnaissance de la base (RB58) devaient décoller, servant de leurres pour attirer le feu et le détourner des B52 qui arrivaient.

« Sachant que leur mission était d'être abattus, les aviateurs remplissaient les bars », déclara Gilbert.

Gilbert a toujours eu une voiture. Un aviateur du nom de Walsh, qui parlait couramment le français, avait repéré ce qu'on appelait une « découverte de grange » - une Traction Avant Citroën de 1956 - dans une ville proche de Fèves. Gilbert dit qu'elles étaient appelées « voitures de gangsters » à cause de leurs grands gardes-boue et leur carrosserie carrée. Gilbert paya 400 $ pour la voiture et pour fêter la transaction, le vendeur offrit à Gilbert une spécialité locale, un verre de Mirabelle.

« C'était assez fort. Je me suis senti un peu étourdi par la suite. J'ai passé un ou deux patés de maisons et me suis arrêté. J'ai attendu environ 45 minutes avant de continuer », déclara Gilbert.

Ron Gilbert et une photo de
sa « voiture de gangsters »

Rundell donna au maire Girard un tableau relatant les moments-clés de l'histoire originale et de la reconnexion, avec le nom des personnes principales. Il ajouta : « Je le lirais bien, mais c'est en français ! »

En parlant du tableau, Pracht dit : « Nous allons le mettre à la mairie pour que tout le monde puisse le voir ».

La partie officielle de la soirée prenait fin quand il ajouta : « Maintenant, passons aux choses sérieuses et buvons le verre de l'amitié ! »


Rundell donne le tableau à Girard.

La matinée du lendemain fut consacrée à la visite de la ferme de Brigitte et Michel Torloting au sud-est de Metz. Pour autant que Gérard le savait, le couple ne lui était pas apparenté. Brent interrogea en détail les Torloting sur les différents aspects de leur ferme avec un plaisir non dissimulé et le temps passa vite. Les Torloting invitèrent le groupe à dîner deux jours plus tard, offre immédiatement acceptée.

Ensuite, le groupe alla dans une écurie voisine où Julia, la petite-fille de Gérard, avait son cheval. Charlotte flanait avec plaisir dans l'écurie en interrogeant Julia sur les divers aspects de la pratique de l'équitation en France.

À gauche : visite de la ferme de Brigitte et Michel Torloting. (g-d) Charlotte et Brent Rundell; Vaughan; Freeland; Julie, fille des Torloting; Michel Torloting; Solange et Gérard Torlotting; Christiane Pracht, épouse de Francis; et Brigitte Torloting. À droite : Charlotte Rundell avec le cheval de Julia - la petite-fille des Torlotting.

Jeudi, Freeland, Vaughan et les Rundell visitèrent le « Lorraine American WWII cemetery » à St. Avold, le plus grand cimetière américain de la seconde guerre mondiale en Europe.

Le reste du voyage fut consacré à l'exploration d'endroits à proximité tels que Trèves, en Allemagne, le champ de bataille de la première guerre mondiale à Verdun et la ville de Metz.

Les Rundell et Vaughan au cimetière américain de Lorraine à Saint-Avold

Un événement fut marquant pendant cette période. Il se déroula dans la soirée du 30 septembre, le jour de la visite au cimetière. C'était un repas composé de différents plats dans le village de St. Privat, juste à l'ouest de Fèves, et il fit concurrence à la réception du 27 en tant que moment fort.

Un temps fort du voyage fut un repas dans un restaurant à St. Privat le 30 septembre. À gauche : Freeland et Hélène Porquedu; au milieu : René et Maria Schreiber; à droite : une photo de groupe en fin de soirée

Les gens commencèrent à arriver vers 20 heures. Avant chaque plat, le restaurateur en faisait la présentation, et le vin coulait à flots.

Vers la fin de la soirée, les tables furent toutes poussées de côté et tout le monde se rassembla pour prendre une photo de groupe. Puis, en sortant, des petits groupes se formèrent dans la rue calme, se parlant et s'embrassant.

Un dîner d'adieu pour Freeland, Vaughan et les Rundell eut lieu chez les Torlotting la veille de leur vol de retour. Les Pracht se joignirent au groupe. Les conversations allaient de la politique jusqu'au vin. Gérard servit sa version personnelle du couscous.

Les visiteurs sont rentrés chez eux lundi avec la certitude que la reconnexion était complète. En 2013 et 2015, les Févots avaient visité Morganville. En 2016, le maire de Morganville et son épouse avaient visité Fèves. Ce que réservait l'avenir aux deux villages, comme toujours, personne ne le savait.

Dîner d'adieu chez les Torlotting