Le 9 septembre, à 10 heures, Freeland et Vaughan attendaient les Févots pour les accueillir à leur arrivée à l'aéroport de Kansas City. Après avoir récupéré ses bagages, le groupe prit le bus spécialement affrété pour se rendre au restaurant Cracker Barrel, situé à proximité, pour prendre un déjeuner matinal. Au début Pracht fut occupé à traduire le menu. Les visiteurs étaient quelque peu déconcertés par le choix infini de sauces vinaigrettes inconnues jusqu'à ce que Pracht dise qu'il y avait une sauce « française ». C'est immédiatement devenu le choix unanime.
Le restaurant Cracker Barrel a été le premier arrêt. Pracht est debout, traduisant pour le serveur.
Le groupe avait fait une demande pour leur visite à Kansas City : visiter l'usine Harley Davidson située au nord de Kansas City.
Personne dans le groupe n'avait de Harley, mais la plupart trouvaient qu'il serait amusant de visiter une usine où ce produit
américain emblématique était fabriqué.
Une fois la visite terminée, tout le monde est monté à bord du bus pour aller au National World War I Museum and Memorial
au cœur de Kansas City. Au début du voyage, Vaughan décrivit comment la ville avait été fondée et le rôle important que la famille
Choteau, ainsi que d'autres explorateurs et commerçants français, avaient joué dans son développement.
On fit un détour imprévu quand le chauffeur du bus suggéra de faire un arrêt à Case Park sur la rive du Missouri River, lieu du
mémorial commémorant l'expédition de Lewis et Clark en 1805. Tous ont été surpris et ravis de découvrir que le panneau était
en français et en l'anglais.
L'arrêt imprévu fit que le groupe arriva avec environ une heure de retard au musée de la première guerre mondiale à Kansas City,
mais grâce aux écouteurs en français pour guider sans peine les visiteurs, tout le monde monta dans le bus peu après 17 heures
pour partir à Manhattan.
Case Park et le mémorial de Lewis et Clark
Après être arrivés au Hampton Inn, du côté est de la ville, le groupe s'est rendu au Cox Bros. BBQ pour le dîner. Les différences dans la signification du mot barbecue réapparurent. Les Févots étaient désorientés par le carrousel de sauces au milieu des tables. Vaughan leur expliqua, mais après une longue journée, la plupart n'étaient pas d'humeur aventureuse et ont donc choisi de manger leur viande nature.
Comme la veille, le 10 septembre s'annonça comme une belle journée claire avec un ciel bleu. Malgré les premières inquiétudes de
Vaughan, les températures n'atteindraient qu'environ 27 degrés.
L'un des visiteurs plaisanta avec Vaughan en disant qu'il avait entendu parler du mauvais temps qui sévissait au Kansas et qu'il
était un peu déçu d'être privé de cette expérience. Personne ne se doutait qu'avant la fin de la journée, le Kansas leur ferait
vivre une expérience qu'ils ne seraient pas près d'oublier !
Le groupe quitta l'hôtel quelques minutes avant 9 heures pour se rendre au Bluemont Scenic Overlook de Manhattan. À leur arrivée, Vaughan les rassembla à extrémité ouest. Tout en soulignant divers évènements, il expliqua comment la région avait été peuplée et le rôle important que l'université avait joué, et continue de jouer, dans la communauté. Pendant ce temps, Freeland était à l'université pour organiser leur arrivée.
Au sommet de Bluemont Scenic Overlook dans Manhattan
En arrivant sur le campus, le bus s'arrêta au mémorial de la seconde guerre mondiale. La prévôt de l'université April Mason prit
la parole la première pour accueillir les visiteurs sur le campus. Birgit Wassmuth, responsable du département de journalisme, a
salué les visiteurs en français.
Vaughan a ensuite expliqué que cet endroit avait été choisi pour trois raisons. L'une d'entre elles était son lien évident avec
la seconde guerre mondiale. Il attira leur attention sur la chapelle voisine construite en l'honneur des membres de l'université
tombés pendant cette guerre, soulignant qu'il y avait parmi eux des hommes qui s'étaient battus et étaient morts en Lorraine.
Prévôt Mason, en noir, accueille les visiteurs.
Désignant la sculpture au centre du mémorial représentant un « dog tag » - plaque d'identité militaire - il expliqua que ces
plaquettes étaient portées par tous les soldats américains pendant les combats. En cas de décès du soldat, une partie restait sur
le corps pour servir à l'identification, tandis que l'autre était récupérée par l'armée pour enregistrer le décès. Vaughan ajouta
que le modèle utilisé pour la sculpture était la plaquette de John Lindholm, pilote de B-17 pendant la guerre et chef de Vaughan
de nombreuses années plus tard quand ils enseignaient tous les deux à l'université.
La deuxième raison pour laquelle cet endoit avait été choisi était que, de là, juste à l'ouest, on pouvait voir le Kedzie Hall, le
bâtiment où Freeland et Velma Carson avaient passé tellement de temps. Vaughan expliqua le rôle décisif qu'avait joué Carson
lorsque plusieurs mains se levèrent, révélant qu'aucun des visiteurs n'était au courant de sa contribution dans la connexion entre
les deux villages.
La troisième raison du choix de l'emplacement était parce qu'on pouvait voir au nord-ouest Anderson Hall, le bâtiment administratif
principal de l'université. Milton Eisenhower, le frère du général Eisenhower, commandant pour l'Europe lors de la seconde guerre
mondiale, avait travaillé là-bas en tant que président de l'université. Ses efforts au sein de l'UNESCO avaient donné l'élan
décisif au projet fin 1947 et début 1948.
Vaughan parle aux visiteurs avec à sa gauche Pracht qui traduit. Le mémorial à gauche est dédié aux soldats de la seconde guerre mondiale et représente des « dog tags ». Derrière le groupe se trouve Anderson Hall. En bas à droite, un photographe fait une photo pour le journal universitaire. Kedzie Hall est caché par les arbres à gauche.
Lorsque Vaughan eut fini, l'étudiant Rafael Garcia, journaliste au The Collegian, le journal étudiant de Kansas State University,
fit une interview des membres du groupe à propos de leur voyage au Kansas.
Suivit une courte visite du campus en bus avant que le groupe ne quitte Manhattan pour Clay County.
A Clay Center, le bus s'arrêta pour prendre Brent Rundell qui leur servirait de guide pour le reste de la journée. L'agriculture
est l'activité essentielle du Kansas et c'était certainement, et est toujours, vrai à Morganville. Tout en étant maire de
Morganville, Rundell travaillait en tant que directeur agricole chez Wilbur Ellis, fournisseur international de technologie et de
produits agricoles. Le travail de Rundell consistait à mettre en place des programmes pour les engrais, les herbicides et les
semences chez les agriculteurs en fonction des observations qu'il avait faites dans leurs exploitations.
À l'ouest de Clay Center, sur la Highway 24, le bus a tourné vers le nord dans Hackberry Road. Au bout d'environ trois kilomètres,
Rundell demanda au chauffeur d'arrêter le bus. Il a ensuite rassemblé les visiteurs sur la bande d'arrêt ouest au bord d'un
champ de sorgho. Attirant l'attention sur les rayures dans le champ, il leur rappela la photo présentée à Fèves lors de la
visite de Vaughan et Freeland en 2014.
Certains sont entrés dans le champ avec Rundell pour inspecter les épis pendant qu'il expliquait comment il faisait pour évaluer
la santé des cultures.
Une fois de retour dans le bus, le groupe se dirigea vers le nord jusqu'à la 23e rue. Vaughan désigna le nord-ouest où se trouvait
autrefois la ferme de la famille Carson.
Ils traversèrent la Republican River puis entrèrent dans Morganville avant de tourner vers le nord dans Mill Road. En 1948,
cette route n'existait pas car c'était la voie ferrée qu'empruntaient les trains transportant les cadeaux de Morganville pour
commencer leur voyage vers la France.
La visiteuse Francine Hanen examine un épi de sorgho avec Rundell.
Les visiteurs quittèrent à nouveau le bus à la Taddiken's Land and Cattle Company. Le propriétaire Scott Taddiken leur présenta les gros tracteurs et les moissonneuses-batteuses utilisées dans les fermes de la région. Quand il eut terminé, beaucoup acceptèrent l'invitation de faire un tour du domaine dans l'une des grosses machines.
Plusieurs visiteurs ont fait un petit tour dans les champs de Taddiken avec ce « combine » – combiné, pendant que les autres regardaient.
Après un court trajet en bus, Bob Clark accueillit le groupe au silo à grain de Morganville et expliqua l'importance pour les
agriculteurs de disposer d'un lieu de stockage pour leurs céréales après la récolte. Puis tout le monde s'est mis ensemble sur
la balance pour que Clark mesure leur poids.
Les Févots sont de nouveau montés dans le bus pour aller au Morganville Café.
À leur arrivée, tout le monde fut immédiatement attiré par le Stade de l'autre côté de la rue, où le spectacle avait été donné
un peu plus de 67 ans auparavant.
Avec ses amis Févots sur les marches du Stade, Roger Wechtler lève sa casquette pour le photographe. On peut voir l'enseigne du Morganville Café derrière le bus.
Puis, quand la curiosité de chacun fut satisfaite, un par un ils traversèrent la rue et entrèrent dans le café.
A l'intérieur, les jeunes Dana Dean au violoncelle et Dahlia Dean au violon avec leur professeure Anne Clark, également au
violoncelle, jouaient « En passant par la Lorraine ». C'est un morceau que la plupart des visiteurs avaient appris à
l'école et beaucoup ont chanté avec.
Quand le trio a entamé « La Marseillaise », l'hymne national français, tous se sont joints à eux.
Dana et Dahlia Dean et leur professeure Anne Clark
Le groupe devait être au lycée de Clay Center environ 45 minutes plus tard, on ne perdit donc pas de temps pour commencer le repas. Mais par précaution, l'école fut informée qu'il était très probable que le groupe arrive en retard.
Meagan Miller et Daniela Martinez-Serrano, étudiantes en journalisme à KSU, avaient installé leurs caméras dans le café et
filmaient depuis l'arrivée des visiteurs. Elles étaient en train de réaliser un court reportage sur la connexion entre les
villes sœurs.
Gary Oetinger, l'un des acteurs de la pièce de 1948, dit le bénédicité, puis tout le monde s'installa pour le deuxième barbecue
au Kansas.
Gary Oetinger, à gauche, et Jay Mellies ont
tous deux joué dans la pièce de 1948.
Une courte cérémonie informelle a suivi le repas. Freeland et Charlotte Rundell ont reçu des émaux de Longwy, France, en cadeaux.
Torlotting a prononcé un court discours, à nouveau dit phonétiquement, qui a débuté ainsi : « Depuis ma dernière visite, je
n'ai pas appris l'anglais ».
Avec l'aide de Pracht qui traduisait, il a offert au maire Brent Rundell une peinture à l'huile représentant Fèves, peinte par une
de ses habitantes. Roger Wechtler donna au maire un panneau indiquant que la distance jusqu'à Fèves est de 7.627 km. Rundell promit
de le mettre à l'entrée du village.
À gauche : le maire de Morganville, Brent Rundell, montre une peinture à l'huile de Fèves peinte par l'une de ses habitantes. Au milieu : Roger Wechtler donne à Rundell un panneau indiquant la distance entre Morganville et sa ville sœur. À droite : Torlotting fait son discours
Une fois les cérémonies terminées, le groupe est retourné dans la rue principale. Miller et Martinez-Serrano ont regroupé plusieurs de ses membres pour les interviewer.
Il était presque 14h30 quand le groupe est monté dans le bus pour Clay Center - plus d'une heure de retard sur l'heure prévue de leur arrivée.
Daniela Martinez, à gauche, et Meagan Miller interrogent Solange Torlotting, tandis que son époux Gérard et Marc Davoli attendent leur tour. Tous trois ont été des bénéficiaires de l'aide de 1949.
Il leur restait toutefois encore un arrêt à faire avant de quitter Morganville. Pensant toujours à l'avenir, Torlotting voulait faire une photo accrocheuse pour la publier dans le journal une fois de retour en France.
Donc tout le monde est monté dans le bus pour le court trajet jusqu'à la limite est du village. Là, les Févots se sont rassemblés
autour du panneau du village pour faire une photo de groupe.
Tout le monde s'amusant tellement et sachant que peu, voire aucun, n'auraient l'occasion de revenir à l'avenir, personne n'avait
envie de presser les visiteurs.
Le groupe est finalement arrivé au lycée de Clay Center après 15 minutes de trajet depuis Morganville. Un comité de réception
l'attendait sur le trottoir. Des étudiants, servant de guides, avaient appris quelques mots de français pour faciliter la visite
de l'école. Un des points importants était l'emplacement des toilettes.
Une photo pour le journal en France
Peu après 15h30, les visiteurs, les membres du secteur scolaire et d'autres concernés par l'histoire, tels que Haney et Lois (Pierson) Eggerman, l'un des acteurs, se sont retrouvés dans la bibliothèque de l'école. Jean Frigon, membre du conseil scolaire, leur a souhaité la bienvenue à tous. Puis trois étudiants de la classe de théâtre de Megan Blackburn ont lu un extrait de la pièce de Carson. Vaughan montra ensuite une version plus élaborée de la vidéo qui avait été présentée à la réception de décembre 2013. Il en donna plusieurs exemplaires sous-titrés en français à Torlotting pour qu'il les prenne avec à la maison.
Après une visite du lycée et la lecture d'extraits de la pièce de Carson par trois étudiants, les visiteurs, le personnel de l'école et d'autres concernés par le spectacle regardent une vidéo sur l'histoire de la connexion Morganville-Fèves.
Vers 17 heures, le groupe est monté dans le bus pour retourner à Manhattan. Pendant le voyage de retour animé par les discussions sur les événements de la journée, l'attention fut souvent attirée par le ciel à l'ouest où bouillonnaient des nuages noirs de mauvais augure et où on voyait parfois des éclairs.
Le planning de la soirée était de rentrer à l'hôtel, puis de se retrouver à 19h30 pour dîner au restaurant Coco Bolo à la limite
sud-est du campus universitaire. Ensuite, les gens pourraient se promener dans l'enceinte de l'université ou dans le quartier
des affaires d'Aggieville, avant de retourner à l'hôtel à 21h30.
Cependant, près de l'heure de départ de 19h15, les écrans des télévisions de l'hôtel étaient pleins d'informations sur le mauvais
temps qui approchait rapidement. Mais après de nombreuses discussions, il fut décidé de partir car le parcours de la tempête
semblait passer au nord de la ville.
Le bus avait à peine quitté l'abri de la réception de l'hôtel qu'une pluie légère se mit à tomber. Quelques minutes plus tard, les
essuie-glaces de l'autobus avaient du mal à dégager le pare-brise du conducteur. Les éclairs étaient fréquents et forts. Des vents
violents fouettaient les buissons, les arbres et les fils électriques.
Au moment où le bus se dirigeait vers l'ouest dans Bluemont Avenue, l'eau était montée dans la rue jusqu'au niveau du trottoir,
et continuait de monter pendant qu'il s'approchait du restaurant.
Un éclair exceptionnellement fort et brillant surprit les passagers maintenant silencieux. Immédiatement, toutes les lumières des
bâtiments situés du côté sud de la route s'éteignirent, y compris celles du restaurant.
Vaughan suggéra de s'arrêter dans le parking de l'université à proximité et de voir si le temps s'améliorerait. Le bus venait de
s'arrêter sur le parking lorsque Freeland reçut un appel de ses filles Katherine et Mariya qui attendaient à l'intérieur du
restaurant. Elles avaient été informées par le personnel du restaurant qu'il y avait une inondation dans la cuisine et qu'ils ne
pourraient donc pas servir de repas ce soir-là, même si le courant était rétabli rapidement.
Après quelques discussions et un coup de téléphone pour savoir s'ils étaient ouverts, le groupe vota pour aller au restaurant
mexicain La Fiesta dans le centre commercial Blue Hills.
Mais même ce trajet ne fut pas sans incident. L'eau était tellement haute dans North Manhattan Avenue qu'on se demandait si elle
n'endommagerait pas le moteur de l'autobus. Alors que des passagers stressés regardaient par la fenêtre, le bus progressa lentement.
Vaughan et Freeland apprirent cette nuit-là que l'expression française bien connue « Ooh là là » ne se limitait pas aux
cabarets de Paris, mais était utilisée dans toute situation causant de la surprise.
Comme il voulait faire un reportage sur la visite dans son émission de radio et dans sa chronique « Kansas Profile », Ron
Wilson, de KSU, s'est joint à eux au restaurant.
À gauche : Déjà dans l'après-midi, les nuages de l'orage obscurcirent le ciel; au milieu : le trajet « Ooh là là » jusqu'au restaurant mexicain; à droite : la journée se termine bien quand le repas est servi.
Tout le monde apprécia la nourriture et au moment où ils sont montés dans le bus pour aller à l'hôtel, le pire de l'orage était passé.
Lorsque les visiteurs partirent pour l'aéroport de Kansas City le lendemain matin, leur curiosité pour la météo imprévisible du
Kansas avait été pleinement satisfaite !