Les Torlotting et les Pracht ont rencontré leurs visiteurs américains plusieurs fois au cours des jours qui ont suivi la réception.
Ils ont passé du temps à visiter la région, à manger un morceau ou à bavarder. Après la fermeture des écoles aux États-Unis pour
les vacances d'été, les petits-enfants des Torlotting, Paul et Emma, sont arrivés et ont également contribué à combler le
« fossé de la communication ».
À la fin juin, les visiteurs se sont dispersés. Katherine et Hannah ont entrepris un périple d'un mois à travers l'Italie,
l'Allemagne et les Pays-Bas. Mariya a pris l'avion pour Boston pour rendre visite à des amis. Ryan s'est envolé pour le Wisconsin
pour profiter de ce qu'il lui restait de ses dernières vacances d'été avant d'entrer à l'université à l'automne. Art et Gloria
sont rentrés chez eux au Kansas. Même la famille Torlotting a quitté Fèves pour aller en vacances avec les petits-enfants.
Tout le monde est parti avec un cœur heureux, après avoir passé un moment merveilleux. Le seul point qui aurait pu rendre les
choses encore meilleures eut été la présence de quelqu'un de Morganville.
Les conversations de fin juin et d'autres qui ont suivi par courrier électronique ont également ajouté des détails à l'histoire
de Morganville-Fèves. En voici quelques-uns :
1. L'EMISSION DE RADIO DE FÈVES -
Torlotting identifia le lieu où l'émission de radio de Fèves à Morganville fut diffusée en fin d'après-midi du 23 juin 1949.
Elle a été réalisée dans ce qui n'était guère plus qu'un hangar, maintenant disparu.
Toutes les indications sur cette image satellite représentent les lieux visités par les Américains le 31 mai, à l'exception de l'une d'entre elles, celle située dans le coin supérieur droit, où l'émission de radio eut lieu en 1949.
2. TOMBE DES TORLOTTING - Le 1er juin, Torlotting et Pracht sont venus chercher Vaughan et Freeland à Metz pour se rendre au
cimetière du Sablon, dans la partie sud-est de la ville. Là, ils ont visité la tombe de la famille Torlotting, où Henri et
Mathilde sont enterrés. Torlotting a expliqué que Mathilde avait fait refaire la pierre tombale quelques années auparavant
et que, pour cette raison, certains détails sur la famille avaient disparu.
Tombe de la famille Torlotting à Metz
3. VOIE DE LA LIBERTÉ - Au début de leur séjour à Metz, Freeland et Vaughan sont tombés sur une borne à l'intersection de deux
routes du côté ouest de la ville. Cette borne, comme beaucoup d'autres, fait partie intégrante de la « Voie de la Liberté ».
Celle-ci, annoncée le 5 juin 1946 par le maire de Metz Gabriel Hocquard, est composée de bornes placées au bord de la route, à une
distance d'un kilomètre l'une de l'autre, sur le chemin que la Troisième Armée américaine a emprunté pour libérer la France. Les
bornes étaient en béton, mesuraient près de 1,30 m de haut et pesaient plus de 300 kg. Bien que différentes, elles avaient toutes
la même apparence générale et certains éléments communs : une torche inspirée de celle de la Statue of Liberty, la lettre
majuscule « A » pour l'insigne que chaque soldat de la Troisième Armée portait sur l'épaule, des vagues représentant l'océan sur
lequel les libérateurs avaient navigué, 48 étoiles représentant chacun des états américains de l'époque et la distance depuis la
Borne 0 en Normandie.
La Borne 0 est située en face de la mairie de Ste. Mère-Église, la première ville à avoir été libérée après le débarquement du
jour J en juin 1944. Plus tard, il fut décidé de placer un marqueur à Utah Beach, où le général Theodore Roosevelt III - le seul
général ayant fait partie des troupes du débarquement - mit le pied sur terre. Sa péniche de débarquement avait été déviée par la
mer agitée. Imperturbable, il aurait déclaré : « Nous allons commencer la guerre ici même ! » Pour éviter de
renuméroter les autres bornes, on lui donna le numéro « 00 ».
En haut : deux panneaux le long de Voie de la Liberté; en bas de gauche à droite : une borne originale; la première borne
ayant attiré l'œil de Vaughan à Metz; une borne dans le village de Gravelotte; Ryan avec la borne numéro 10 près d'Utah Beach
Dans une chronique d'août 2014, Freeland relata leur découverte fortuite des bornes. Citation de cet article :
À notre arrivée en France, Art a demandé à nos amis Gérard et Francis s'ils connaissaient l'emplacement d'une des bornes. Ni l'un
ni l'autre ne pouvait se souvenir d'un endroit où il y en avait, Art pensa donc qu'il serait difficile d'en trouver une.
Mais quelques jours seulement après en avoir trouvé une par hasard à Metz, nous en avons vu plusieurs autres en rentrant d'une
journée passée à Verdun. Art a noté sur son GPS pour que nous puissions revenir un autre jour pour prendre des photos. Il était
étonné de voir que la route que nous avions empruntée était signalée comme « Voie de la Liberté ». Nous étions tombés sur la route
par accident. Nous y sommes retournés le lendemain et n'avons eu aucune difficulté à trouver une borne après l'autre, car il y
en avait une tous les kilomètres.
Les modifications apportées à la route au fil des décennies, telles que l'élargissement et l'installation de ronds-points, ont
rendu certaines de ces bornes dangeureuses. On a donc remplacé en 1982 les bornes endommagées ainsi que celles qui avaient été
déplacées par des répliques en plastique.
4. LA COUVERTURE - Lors de sa visite chez les Torlotting le 14 juin, Vaughan se demanda à voix haute si on pouvait encore
trouver quelque chose de concret qui aurait été envoyé par les habitants de Morganville. Une grande partie de ce qui avait
été envoyé était constitué de denrées alimentaires et avait été consommé. Des articles tels que des vêtements pour l'hiver
avaient très probablement été portés jusqu'à ce qu'ils soient usés jusqu'à la corde et jetés.
Torlotting fit une pause, sourit légèrement, puis dit qu'il avait une couverture qui avait été donnée à sa tante et à son
oncle.
Ravi de voir une véritable relique des cadeaux envoyés, Vaughan demanda à la voir. Torlotting déclara qu'Hervé lui avait
dit de ne pas la sortir vu qu'il l'utilisait pour couvrir sa tondeuse à gazon. Vaughan a ri, mais a insisté !
Plus tard, on retrouva dans les documents de la collection spéciale de KSU une lettre de Roenigk à CARE, datée de décembre
1952, demandant qu'un « colis contenant 1 couverture 100 % laine vierge » soit envoyé à Mme Henri Torlotting.
5. SÉGOLÈNE DE WENDEL - Le 17 juin, deux jours avant de quitter la Lorraine, les Américains passèrent l'après-midi chez les
Torlotting. Gérard montra des vieux documents et des photos. Paul et Emma s'empressèrent de traduire.
À un moment donné, en revenant sur leur visite de Noël à Morganville, Gérard mentionna qu'à l'exception de de Wendel, personne
d'ici [La Lorraine] n'avait vu Morganville avant leur visite. Le mot « d'ici » frappa Vaughan, qui croyait que Ségolène
n'était rien d'autre que quelque officiel français.
Après la seconde guerre mondiale, Ségolène et sa mère avaient travaillé dur pour aider les habitants de la région. Ces efforts
incitèrent Ségolène à se rendre aux États-Unis en mai 1949, au moment où elle est venue à Morganville avec Todd et sa femme.
Ainsi, lors de leur dernier jour en France, Freeland et Vaughan se rendirent au cimetière de Hayange pour visiter le lieu de
sépulture de la famille de Wendel.
Section du cimetière consacrée à la famille de Wendel
Ils ont découvert qu'une partie entière du cimetière était consacrée à la famille. Il est configuré comme une série de marches avec les sépultures placées sous de grandes dalles de pierre, à gauche et à droite de l'escalier central.
Le nom de Ségolène de Wendel sur sa dalle funéraire