Durant les années de recherche sur les liens entre les villes sœurs, on a souvent dit à Freeland et Vaughan à quel point l'histoire
était intéressante. Beaucoup leur ont dit qu'ils devraient organiser un voyage à Fèves, comme celui que Gérard avait organisé avec
des Français à Morganville.
Mais il y avait un problème. Bien que Fèves soit aujourd'hui, à l'instar de Morganville, un endroit florissant, ça reste toujours
un petit village, et y rester pour un séjour prolongé n'aurait pas été raisonnable. Torlotting avait rencontré le même problème
en organisant la visite du petit village sur la Republican River. Pour que le voyage en vaille la peine, il avait ajouté des tours
à Washington DC et à New York. Donc, lorsque Vaughan et Freeland envisagèrent de faire office de guides lors d'un voyage à Fèves,
ils savaient qu'il faudrait organiser des visites dans d'autres destinations proches pour rendre le voyage plus intéressant. Metz
pourrait servir de « foyer loin du foyer ».
Lorsque le couple proposa un tel voyage pour l'été 2019, neuf personnes furent partantes. Trois avaient des liens directs avec
Morganville : Jay Mellies avait joué un amérindien dans la pièce de Velma Carson, Margretta (Flinner) Fosse, nièce de Carson,
jouait une fille norvégienne dans le spectacle, et son fils Ben connaissait bien le village et la famille Carson.
Photos du spectacle. À gauche : Mellies tirant
à l'arc; à droite : Fosse dans sa robe
rose
Louise « Lou » Benjamin et Debra « Deb » Skidmore étaient des collègues de Freeland à l'université et avaient suivi le développement de la redécouverte de l'histoire. Karen (Vaughan) Ethridge et son fils Josh, avaient entendu parler de l'histoire par leur père et grand-père Vaughan. Sherri Bowlby, une camarade de lycée de Freeland, connaissait bien ses recherches. Bowlby savait que son neveu Cody Church, un passionné de la seconde guerre mondiale, serait ravi de se joindre au voyage.
Le 12 juin, cinq d'entre eux sont arrivés des États-Unis à Metz, après avoir atterri à l'aéroport du Findel à Luxembourg. Trois autres sont venus en voiture de Berlin, en Allemagne. Un autre est venu en train depuis la Suisse. Vaughan avait loué un minibus à neuf places au Findel qui transporterait la majeure partie du groupe pendant les deux semaines à venir.
(g-d) Skidmore, Church, Bowlby et Benjamin attendent à l'aéroport du Findel
Ben n'ayant pas pu avoir un congé de deux semaines complètes, sa mère et lui ne sont arrivés que tard le lendemain. Ils ont utilisé
leur propre voiture de location pendant leur séjour.
Pendant la majeure partie du séjour en France, le groupe explora des sites uniques et profita des expériences que la région avait à
offrir. Cela comprenait une visite à Trèves en Allemagne, et à Jouy-aux-Arches en France pour voir des ruines romaines. Un tour de
tout un après-midi au musée 1939-1945 de l'AS.CO.ME.MO. à Hagondange, à quelques kilomètres de Metz, donna un aperçu de la vie des
habitants en Lorraine pendant la guerre. Une visite à Verdun a mis en évidence les ravages de la grande guerre.
Une autre aventure fut le voyage à Bastogne, en Belgique, pour voir le musée de la seconde guerre mondiale et dîner dans le
village. Les unités de l'armée américaine avaient réussi à défendre Bastogne en décembre 1944 alors qu'elles étaient encerclées
par les forces allemandes.
Le groupe a mangé au restaurant « Le Nut's ». « Nuts » est la réponse que le commandant
allié donna aux allemands lorsqu'ils lui demandèrent de capituler. (g-d) Freeland, Vaughan, Mellies, K. Ethridge, Church,
Benjamin, Skidmore, Bowlby, J. Ethridge
Au cours de cette excursion, Vaughan et Freeland ont emmené Bowlby au cimetière et mémorial américain des Ardennes près de Liège, en Belgique, pour qu'elle puisse se rendre sur la tombe de son oncle. Floyd Hicks faisait partie de l'équipage d'un B-17 et a été tué lors d'une mission de bombardement pendant la seconde guerre mondiale.
À gauche : lors de la visite à Remich, au Luxembourg, un arrêt a été fait le long de la Moselle pour observer les vignobles
situés au bord de la rivière. Au centre : après une visite dans une cave à vin, le groupe a visité le château médiéval de
Malbrouck. À droite : (g-d) J. Ethridge, Skidmore, K. Ethridge et Benjamin devant le château
Mais il n'était pas uniquement question d'histoire. Il y eut des moments de divertissement avec un arrêt dans une fabrique de
bonbons à Verdun, un concert et un son et lumière à la cathédrale Saint-Étienne de Metz. Francis Pracht mena un tour dans la ville
de Luxembourg et une visite aux Caves St Martin à Remich, au Luxembourg.
La raison de ce voyage était la connexion entre les villes sœurs et c'est le samedi 22 juin qui fut choisi pour la visite. Le groupe
s'est d'abord retrouvé en milieu d'après-midi chez les Pracht à Fèves pour prendre un verre. Ils sont ensuite allés « en
haut du village » pour voir l'ancienne église et le presbytère rénové abritant la mairie du village.
Puis, vers 20 h après un deuxième arrêt rafraîchissements chez les Pracht, ils sont partis pour le centre socioculturel du
village pour le dîner. On leur a ordonné de prendre place à la table d'honneur parce que, selon les mots du Févot Roger
Wechtler, « Vous êtes les VIPs ! »
M. Fosse et Mellies sur les marches de la mairie
Après les présentations, on servit les apéritifs avant de passer au couscous servi avec des légumes, de l'agneau, des brochettes et
des saucisses. Le vin coulait librement, ce qui facilita aussi les conversations malgré les barrières de la langue. Il y avait une
grande variété de desserts, comprenant du melon, du baklava, des gâteaux et d'autres plats délicieux.
A la fin de la soirée, des gars ont parcouru l'assemblée pour servir des « boissons de bébés » - du champagne - et des
« boissons d'hommes » - de la Mirabelle. Les locaux ont montré aux Américains comment on fait la fête et ce qu'est la
vraie hospitalité !
Après le repas, Alex Dentice (à gauche) sert la « boisson d'hommes » - la Mirabelle - tandis que K. Ethridge réagit
après avoir goûté et que B. Fosse apprécie sa réaction. J. Ethridge est à sa gauche devant Benjamin. Skidmore (chemisier noir à
points blancs) parle avec Church. M. Fosse est assise derrière eux. Les nombreuses bouteilles et les verres à vin et à champagne
sur la table témoignent que tous passaient un bon moment.
La fête se termina vers minuit. Les Fosse avaient leur vol de retour le lendemain matin et il fallait donc dire « Bonne
nuit » et « Au revoir ».
Le mercredi suivant, Freeland et Vaughan ont emmené leurs sept invités restants à l'aéroport de Luxembourg pour leur vol de
retour.
Mais Vaughan et Freeland n'étaient pas encore prêts à partir. Après avoir passé quelques jours chez des amis à Berlin, le couple
est rentré à Metz le 9 juillet.
Le lendemain, lors d'une visite chez les Torlotting, ils rencontrèrent l'oncle de Gérard, René Torlotting, qui avait également
été instituteur, comme son frère Henri. Bien qu'ayant plus de quatre-vingt-dix ans, il était vif d'esprit et a raconté quelques
histoires sur la famille et sur ses années d'enseignement. Sandrine, la fille de Gérard, Paul et Emma, les enfants d'Hervé,
Christine, la femme d'Hervé, et les Pracht complétaient le groupe qui s'est réuni autour de la table pour le déjeuner ce jour-là.
(g-d) Gérard, René, Paul et Emma Torlotting
Au fil des années, Vaughan avait parlé des villes sœurs à des amis en Angleterre. Courtney Wall, la petite-fille d'un de ces amis,
a rejoint Freeland et Vaughan le lendemain de la rencontre avec René. Comme les visiteurs de juin, elle voulait voir la région et
le village. Mais les trois ne savaient pas qu'ils seraient bientôt les invités de la famille Lagrange pour un tour en bateau sur la
Moselle. Ce tour trouvait ses origines dans une autre visite en 1949.
Billie (Pierson) Utley a été la première personne de Morganville à visiter Fèves. Avant de partir de Paris en 1949, son photographe
amateur de mari, Ed, avait acheté un nouveau film couleur et avait hâte de l'essayer. Les gamines Liane Dorrwachter et sa cousine
Gabrielle Gaspard ont attiré son regard alors qu'elles étaient devant la porte d'une maison à Fèves. C'était deux des enfants du
village qui avaient convaincu les habitants de Morganville d'aller de l'avant pour aider leur sœur française.
Vaughan avait espéré rencontrer Liane et Gabrielle. Mais Torlotting lui avait dit que Gabrielle et son mari Maurice étaient
décédés quelques années plus tôt. En revanche Vaughan localisa Liane, et ils s'étaient contactés en avril, deux mois seulement
avant le voyage de juin. Ils s'étaient rencontrés lors du concert à la cathédrale Saint-Étienne en juin, puis à nouveau avec sa
fille Virginie un après-midi à Metz.
Gabrielle (Gaspard) Neveux - enfant, et grand-mère
Un détail intéressant est apparu lors des premières discussions avec Liane et son mari Pierre Lagrange. Pendant de nombreuses années, ils avaient un commerce sur le boulevard Saint Symphorien. Il était situé non loin de la maison louée par Freeland et Vaughan, et l'un de leurs fournisseurs était le magasin des Torlotting au centre de Metz.
Avec Liane à l'avant et son mari Pierre à la barre, Vaughan, Freeland, Wall et Virginie, la fille
des Lagrange, font une promenade en bateau sur la Moselle.
Le 13 juillet, Liane et Pierre ont invité Freeland, Vaughan et Wall pour faire un tour avec leur bateau sur la Moselle au cœur de
Metz et un peu plus loin en amont. Puis ils ont soupé chez leur fille Virginie et son mari Pierre à Scy-Chazelles. Claire, la fille
de Virginie et de Pierre, les a rejoints.
Le 17 juillet, un groupe plus important est venu pour le dîner chez les Lagrange à Longeville-les-Metz. Parmi les invités, il y
avait leur fille Virginie, Gérard, Solange et leur petite-fille Emma Torlotting, Freeland, Vaughan, Wall et deux des
petits-enfants des Lagrange.
Liane (Dorrwachter) Lagrange - enfant, et grand-mère
Alors que le séjour en Europe touchait à sa fin pour Vaughan et Freeland, ils prévoyèrent de refaire une visite à Trèves pour que Wall puisse voir certaines des choses que les autres visiteurs avaient vécues. On se rendit compte que, bien qu'ayant rendu visite à leurs grands-parents à Fèves pendant des années et les ayant accompagnés lors de nombreux voyages en Europe, ni Paul ni Emma n'avaient visité la ville allemande. Paul n'a pas pu se joindre à eux car il était chez des amis à Paris, mais Emma est venue avec les trois autres.
Le soir du 18 juillet, Wall est rentrée en Angleterre. Au cours des jours suivants, Freeland et Vaughan assistèrent à quelques
concerts à Metz et firent un peu de shopping. Ils terminèrent leur visite en déjeunant avec les Pracht dans un restaurant
chinois à Fèves. Le 23, ils rentrèrent chez eux depuis l'aéroport du Findel.
Freeland, Wall et E. Torlotting dans le Jardin de
la résidence royale à Trèves,
Allemagne
Plus de six ans avaient passé depuis que les trois étudiantes en journalisme avait déterré l'histoire des villes sœurs. Beaucoup, comme Haney, les Torlotting et les Pracht, avaient consacré beaucoup de temps et d'efforts à reconstituer ce qui s'était passé tant de décennies auparavant. Ce qu'il restait à faire pour Freeland et Vaughan, c'était de mettre l'histoire sous une forme qui puisse être facilement comprise par les générations futures.