Dans chaque grande histoire, il y a des gens qui participent, mais leurs contributions sont ensuite perdues. Dans le récit de Morganville-Fèves, quelqu'un a suggéré que le petit village français soit candidat à l'adoption. Mais qui ?
Il est possible que cette personne fut Mlle Ségolène de Wendel, bien qu'il semble plus probable que ce fut quelqu'un du
partenaire de American Aid to France à Paris. Mais de Wendel mérite d'être mentionnée pour sa visite à Morganville au nom de
ses voisins lorrains.
En 1704, son aïeul Jean-Martin de Wendel acheta une forge à Hayange, un village situé à environ 20 km au nord-ouest de Fèves.
Au début du 20ème siècle, la famille de Wendel était grande et riche. Ségolène Marie est née en 1908 de Maurice Marie Ignace
de Wendel, actif dans l'entreprise familiale, et d'Andrée Marie Berthe (des Monstiers Mérinville) de Wendel.
Andrée se consacra au bien-être des habitants de Lorraine et fonda l'Union Lorraine - une organisation destinée à aider les
Lorrains, en particulier ceux obligés de quitter la région. Les habitants de la Lorraine ont beaucoup souffert du
bouleversement de la séparation de la Lorraine de la France lors de l'annexion par l'Allemagne en 1870, puis de son retour à
la France après la première guerre mondiale.
De Wendel en visite à Morganville
Ségolène suivit les traces de sa mère. Pendant la seconde guerre mondiale, elle s'installa à Lyon et aida les réfugiés lorrains
qui y vivaient. L'une des tâches principales était d'aider à l'évasion de Lorrains qui devaient être enrôlés de force comme
travailleurs en Allemagne ou dans l'armée allemande.
Elle a finalement été arrêtée et placée en détention, d'abord à la prison de Neue Bremm, près de Sarrebruck, dans l'ouest de
l'Allemagne, puis à Fresnes, au sud de Paris. Elle a été torturée dans les deux prisons.
Après la guerre, malgré son état de santé dû aux mauvais traitements durant sa captivité, elle est retournée à Hayange et a
immédiatement œuvré pour aider les Lorrains à se remettre des conséquences de la guerre. Bien qu'elle ait travaillé avec des
organisations comme la Croix-Rouge, elle était une fervente partisane de l'action sociale directe, telle que la relation
Morganville-Fèves.
En mai 1949, Todd et son épouse se rendirent à Morganville, accompagnés par de Wendel. Le journal local a rapporté à propos de
la visite :
Ils étaient accompagnés de Mlle de Wendel, venue au Kansas de France, où elle dirige pour le gouvernement français le programme
de secours en Moselle, en Lorraine. Elle se rendra de nouveau à Fèves à son retour et les saluera de notre part.
Mlle de Wendel a l'habituel charme français et parle avec émotion des épreuves d'un pays inféodé. Elle a expliqué que si les
habitants de Fèves ont tardé à accepter notre correspondance, c'est parce qu'ils sont encore paralysés par les difficultés qu'ils
ont traversées. La plupart de leurs enfants sont chétifs à cause de la malnutrition. Pratiquement tous les foyers ont été
endeuillés pendant la guerre et tous ont subi des pertes matérielles. Beaucoup, y compris Mlle de Wendel elle-même, passèrent
des périodes épuisantes dans des camps de concentration, s'attendant à chaque heure à être tués. Beaucoup l'ont été. La famille
de Mlle de Wendel a reçu le général Patton durant les combats. Elle a parlé de lui avec gratitude.
Elle était très intéressée de parler avec Lyle Bloom, qui avait si bien chanté le « Star-Spangled Banner », parce que
Lyle avait été à Fèves et dans d'autres parties du district de Metz pendant la guerre. Lyle était heureux de pouvoir s'excuser
de certains des dommages causés par nos propres soldats pendant la guerre. Lyle affirme que nous pouvons difficilement leur
rembourser le lait et les poulets que nos propres garçons affamés ont volés.
Mlle de Wendell a également apprécié la Marseillaise chantée en anglais par Ralph Lamar. C'était la première fois qu'elle
entendait notre traduction.
Extrait de sa nécrologie :
Pratiquant l'action sociale directe, elle avait ouvert de nombreux foyers pour personnes âgées, créé des colonies et camps de
vacances, des jardins d'enfants, des centres professionnels pour jeunes. Elle était aussi déléguée départementale de l'Association
des paralysés de France après avoir fondé ce mouvement en Moselle en 1950, ainsi que Présidente honoraire de la section
hayangeoise de l'Union nationale des déportés et internés (UNADIF).
Un accident vasculaire cérébral l'avait immobilisée en 1963, mais elle continuait néanmoins à suivre les activités de l'Action sociale
mosellane qui lui tenait tant à cœur.
Pour [ses] faits de guerre, elle avait été nommée chevalier de la Légion d'honneur le 28 août 1948. D'autres distinctions
sont venues récompenser ses activités, comme la Croix de Guerre en 1949, la médaille de la Santé Publique le 15 juillet 1952, le
prix du Dévouement avec médaille de Vermeil de l'Académie nationale de Metz le 26 novembre 1964, etc. Cette dernière distinction
venait couronner une longue carrière à soulager la souffrance humaine tant physique et morale.
Jusqu'en 1978, elle habita au Château Tournebride à Hayange. Elle a ensuite déménagé à Paris, mourant trois ans plus tard, à l'âge
de 72 ans en 1981.